Montréal, un soir de novembre.

Ruelle sombre. Lampadaire grésillant, crapotant une lumière blafarde

Les pieds collent dans le sol boueux, dévasté par la neige récemment tombée et aussitôt fondue. Cette nuit la boue va geler et le froid se réinstaller.

Un froid glacial gèle les os et solidifie les corps, empêchant tout être de bouger. Mais les âmes, ces essences brumeuses ne craignent pas de sortir cette nuit.

Un silence lourd règne en maître ; les moindres particules de vent, d’eau, de terre, d’air et de temps semblent s’être arrêtées, figées en plein mouvement comme si la gravité avait cessé son action sur la terre.

Les fantômes arrivent.

 

Un arbre sans feuilles, pris dans la glace est un arbre mort.

Derrière lui se cache une ombre. Une femme. Le photographe dégaine son appareil et laisse son œil ouvert afin de capter tous les points de lumière de la figure évanescente. Trente longues secondes s’écoulent. Les particules entrent dans l’objectif et frappent la pellicule. Chaque grain devenant témoin d’une présence surnaturelle. Chaque grain devenant représentation, preuve, ou pure affabulation.

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Les figures apparaissent et disparaissent à leur gré laissant place à la mystérieuse chimie de l'argentique.